J'ai retrouvé le chemin des mots
Et plongé dans la mer
J'ai joué dans l'écume douce-amer
Qui sert le cœur tendrement

Aux sons de la mélancolie
Au rythme des complaintes
J'ai souri

mardi 16 février 2016

Derrière moi, nu devant


J'ai laissé derrière moi
Des carcasses calcinées
Des images de moi noires de doutes
Encore fumantes du brasier de mes remords

J'ai laissé derrière moi les dons familiaux
Les ailes de ma mère
Et la couronne de mon père
Dans un cimetière de murmures encourageants

J'ai laissé derrière moi les rires cruels
Et le regard des juges
Et la bave des bourreaux
Et les ombres menaçantes

J'ai laissé derrière moi la plaie de mes jeunes années
Et les mouches du regret
Laissé pleurer mes chimères
Et ma honte et mon chagrin

Et me voici nu face au vent
Qui menace de me balayer
Nu face au temps
Dont je ne sais que faire
- si ce n'est espérer -

Homme nouveau un instant
Presque libre
- si peu pourtant -
Je sens mon ventre qui respire
Et des voix éteintes raisonnent dans mon crâne

Elles me chantent des airs d'eau courante
De courants d'air
Elles me chantent des rêves d'enfant
Et des utopies fragiles

Elles me chantent demain sans nuage
Et l'horizon du sage
Là-haut sur la montagne
Avant de redescendre dans la plaine
Et la plainte des hommes

A contre courant


Je marche contre des toiles d'araignée poussiéreuses
Ma bouche pleine de coton
Et mon ventre de sable
- qui crisse et qui m'étouffe -
Dans mes épaules des crochets
Pleins de barbillons
M'interdisent tout repos
Mes reins sont des bouches patientes
Qui mordent lentement mon dos
Et crispent mon squelette : je ne suis pas droit non plus
Je suis ce pantin de l'angoisse
Que les reflets font fuir
- j'exècre les miroirs -

Qu'importe la preuve pourtant
Je sais la vérité
Je sais ma main guidant les barbelés
Activant le chevalet
Je sais mais ne sais quoi dire
Pour sortir de l'enfer
Mais ne sais quoi faire
Pour briser mon empire
Ma tête folle somnambule tire dans deux directions
L'une devant
L'autre derrière

Je danse

Je danse des jours sans nom
Loin des soucis de la forme
De la narration
Je danse des mots sans geste
Loin du tracas logique
Et de l'enfer du sens
Mes pieds sont des ailes
-maladroites-
Et mes mains ne pensent qu'à elles
-loin de moi-
Qu'importent les regards
Je les veux tous
Sans l'ombre du jugement
Libres de la honte et du chagrin
Du poids quotidien
Qui pèse sur nos corps
Et le souffle de nos vie
Je danse le rythme de mes passions
A l'énergie de mes espoirs
Je danse le cœur ouvert et sans non
Sans vraiment jamais y croire
Sans penser au lendemain
Juste à mes passions
Sans penser arriver
Juste à respirer

L'hôte


Mes plaisirs sont simples
Et mes vœux humains
Mes désirs de chaires et mes envies de joie
Je ne vit que de voix
Palabres folles silences sincères
Et rires chaleureux
Y-a-t-il art plus noble
Que celui du foyer
De la flamme ouverte à tout gens
Du cercle où librement
Partager nos histoires
Entre deux voyages
Cultiver quelques rêves
Et pauser le creux de nos épaules
Les pinces de nos entrailles
Avant de replonger sous les étoiles
Sous le soleil
Dans l'adversité
Venez chez moi
Offrir nos sourires
Venez une fois reposer vos soupirs
Mon feu ronronne et mon cœur s'enflamme
Du plaisir d'offrir
La joie de recevoir
Sans vergogne ni remords
Sans retenue non plus
Vivons ensemble la bonne heure
L'heure pleine du présent

Libre du monde


Seul dans une cave obscure
Humide noire sans lumière
Seul dans les ténèbres
Loin des miroirs
Loin des espoirs
L'homme est libre du monde
L'homme s'endort sur des lauriers immondes
L'homme grince l'homme geint
L'homme craint le soleil
Et le souffle du vent
Et pourtant et pourtant
L'homme se croit libre du monde
Et de ses éclats cruels