J'ai retrouvé le chemin des mots
Et plongé dans la mer
J'ai joué dans l'écume douce-amer
Qui sert le cœur tendrement

Aux sons de la mélancolie
Au rythme des complaintes
J'ai souri

mardi 16 décembre 2014

A jamais

Aujourd'hui à tes pieds la tombe
Je jette les fleurs fanées d'une couronne dépassée
Par quelques années retardataires
Je compose l'ode et la strophe
L'ultime hommage au monstre que nous fûmes
Aux cordes saignantes dont je ne veux plus

Va en paix ou en guerre je m'en moque
Je m'en fiche m'en fout m'en contrefout
Contre vents et marées
Au revoir et à jamais
Toi et ta marre de larmes amères
Et ton citron sur mes blessures
Et ta haine sur ma bouche
Toi et ta folie ta perte sur mes pas
Je ne veux plus de tes soupirs angoissés
Ni de tes rires faux
Va et laisse-moi brûle moi oublie moi
Cela vaut mieux encore que tes souvenirs de moi
Et l'essaim de ta mémoire trouble
De ta mémoire cruelle et ses tableaux lamentables

Au fond de tes yeux je sais la vérité crue
Et pourtant la source de la marre s'y cache
Et je n'en veux plus la facture ni le débit
Alors va pleurer ailleurs
Et laisse-moi en paix
Si peu

lundi 15 décembre 2014

Peuples cruels

Peuples cruels de quel bois vous chauffez-vous
Peuple cruel au feu d'une croix

Vos dieux porte des noms de pêché
Et sur vos tombes fleuriront les ronciers
Et sur vos tombes danseront tout les saints
Farandoles de loas et de kamis
Des mânes de vos ancêtres

Peuples cruels combien chanterez vous de prières
Aux cieux sanglants de vos rêves éphémères
Et dans les nuages pleurent les anges
Sur l'épaule des totems

Peuples cruels combien de libations
D'holocaustes de sacrifices
De nuages d'encens
Combien de richesses vaines
Et de statues grimaçantes
Écœurées

Peuples cruels n'avez-vous pas finit
De saler les terres sacrées
Apprenez à vous taire
Tout nos cieux se reposeront
Laissez dormir la couleur de nos pêchés
Et oubliez le chant
De la fin du monde

dimanche 14 décembre 2014

Un chemin à partager

Bonjour à tous et à toutes !

J'ai commencé à écrire des poèmes au lycée. J'en ai écrit un certain nombre que j'espère retrouver bientôt (prions pour la résurrection d'un certain disque dur). J'ai finit par les montrer à un certain nombre de personnes, mais pas tant que ça. Pas bien confortable avec le rôle de créateur, pas envie de demander de l'attention. J'ai arrêté petit à petit par manque d'inspiration, je crois, lors de mes premières années de fac. Puis, il y a deux ans, je me suis remis à écrire quelques poèmes (qui ont été publiés sur site), avant d'arrêter à nouveau. Enfin cet été je m'y suis remis.

Ca répondait d'abord à un besoin de me parler, de formuler des choses que je n'arrivais pas à sortir autrement. Je me suis vite rendu compte que ça me plaisait. Voir à me dire que, en théorie au moins, ce que je ressentais ou pensais pouvait intéresser les autres. Alors j'ai envoyé deux séries de poèmes (publiés pour la plupart) à un certain nombre de mes proches. Joies du net qui rendent ça plus facile.
Parmi les réponses, une en particulier, celle de mon frère, contenait le conseil suivant : "alors je te conseillerai de faire lire tes textes au plus de gens possible, même à des inconnues, et sent toi ridicule et bête et ais s'en a rien a faire, et se sera comme autant de poing dans la gueule, la tienne surtout..."
Ce qui a conduit au blog. L'idée était sous-jacente à l'envoi par mail, mais l’incitation à beaucoup aidé, merci Rémi ;-)

Bref, tout ça pour dire quoi ? Et bien le Blog est une manière d'étendre encore le public. Un lien c'est plus facile à envoyer que un mail de plein de poèmes chaque mois. Et puis comme ça vient qui veut, quand on veut.
Cela dit j'aimerai aller plus loin. A priori la presque totalité de mes visiteurs sont des gens que je connais. J'aimerai beaucoup que cela change. Alors, si vous le voulez bien, j'aimerai que vous fassiez passer ce lien à une personne ou deux qui ne me connaisse pas et que vous pensez potentiellement intéressé-e. Ca fait un peu chain-mail viral dit comme ça... mais c'est comme vous voulez. Je comprends aussi que ça vous aille pas et c'est pas un soucis.

L'autre point dont j'avais envie de parler est illustré par les deux versions de "Princes et résignés". Je relie et souvent corrige tout les poèmes que je poste. Pour systématique que soit cette démarche, je travaille à l'intuition la plupart du temps. Et au bout du compte il y en a dont je suis plus ou moins content, certains que je sait à revoir malgré tout, mais je reste limité à mon seul point de vue bien particulier sur mon travail. Comme j'aimerai beaucoup continuer et surtout progresser, j'ose vous demander, oh mes chers et silencieux lecteurs, un petit commentaire ou deux, à l'occasion ^^;
Alors oui au début j'ai dit que c'était comme vous le sentiez et c'est toujours le cas. C'est pas comme si j'avais les moyens et encore moins l'envie de vous forcer à quoique ce soit. Mais ça m'aiderai beaucoup. entendons-nous bien : il ne s'agit pas de faire une analyse littéraire à chaque nouveau poème. Juste ce qui vous passe par la tête, si un poème vous a plus plût / parlé et pourquoi (aussi imprécises et subjectives que puissent en être les raisons). Ou à l'inverse si l'un d'entre eux ou plusieurs, d'ailleurs, vous plaisent moins. Ce sera probablement encore plus intéressant.

Voili, voilà. Un petit billet sur le site et mon écriture plutôt qu'un poème, avec des demandes en prime ! Quoiqu'il en soit merci de me suivre, même en silence ou en solitaire ça fait toujours plaisir et c'est l'essentiel, je ne le perd pas de vue.

A bientôt !

Xavier

Princes et résignés

Au royaume des lâches
Les résignés sont rois
Résignés au pire
Pour ne pas le subir
Juges selon le livre
De leur propre bassesse
Vautrés dans la lâcheté immonde
Du soldat armé d'ordres aboyés
Caché derrière l'appel du devoir
Il prend les armes sans même regarder
La cause derrière le drapeau
Il répand le sang
Au nom d'un nom
D'un prince ou d'un principe
La guerre juste est celle des vainqueurs
Même le plus saint des résistants
Devrait verser des larmes de sang
Chaque fois qu'il arme le chien du fusil
La mèche de la révolte

Hurle le mépris
Et la pitié
Pour les séides résignés
Pour leur cruauté légitimée
Pour le bras armé de la justice
Hurle la colère
Sur leurs démons originaux
Vanité du messie
Gloutonnerie de l'ogre
Haine des harpies

Que les miroirs se brisent
Sous leurs regards
Que les tocsins sonnent
Le glas de leurs mensonges
Que leurs statues pleurent
Des larmes de sang
Sur leurs chants de guerre
Qu'enfin leurs armes maudites
Se changent en tas de merde
Les plongeant jusqu'au cou
Dans leur propre puanteur
Qu'enfin ils lèvent les yeux
Vers ceux de leurs victimes
Qu'enfin ils retrouvent
Le chemin de leurs pleurs
Le chemin de leurs peurs
Et le poids de leurs âmes

samedi 13 décembre 2014

Pinces et résignés (prose)

Au royaume des lâches les résignés sont rois, résignés au pire pour ne pas le subir, jugeant le monde et les autres à l'aune de leur propre bassesse. 
 La lâcheté immonde du soldat qui attend ses ordres, qui attend la relève de sa responsabilité en se cachant derrière l'appel du devoir. Il est prêt à prendre les armes sans connaître le pourquoi, prêt à répandre le sang au nom d'un nom, d'un principe, d'un principat.
Il n'est de guerre juste que pour les plus forts et les vainqueurs. Même le plus saint des résistants devrait verser les larmes du sang chaque fois qu'il tire, qu'il amorce la bombe.
Mon cœur hurle de colère, de mépris et de pitié quand je pense à tout les séides qui cachent leur soif de sang sous le masque de la justice. Leur folie légale est le bras armé de tout les princes, ces hommes dévorés par leurs démons originaux  : vanité des messies, gloutonneries des ogres et colère des harpies. Que tout les miroirs se brisent à leur approche, que les tocsin sonnent le glas de leur mensonges et que leur statues pleurent des larmes de sang sur leurs chants de guerre. Qu'enfin leurs armes se changent en merde et les renvoient à leur puanteur, qu'enfin ils lèvent les yeux vers ceux de leurs victimes.Qu'enfin ils retrouvent le chemin de leurs pleurs, de leurs peurs, de leur âme.

vendredi 12 décembre 2014

Monuments

Nous avons produits de doux lendemains
Par blocs entiers
Et par rues indécises
Des quartiers moribonds
Que déjà nous oublions
Et dans le confort malheureux
De nos demeures agnostiques
Nous admirons les mille feux
Les milles éclats
Des vieille villes de jadis
Nous lorgnons leur clochers terribles
Et la pierre sanglante de leurs palais
Nous envions leur vantardises
Et raillons notre hantise

Combien de cahutes misérables
Amnésiques
Aux pieds de ces gloires éternelles
Combien de soupirs le soir
Perdus volant vers les gratte ciels

Enfant j'admirais les pyramides
Et de fastueuses murailles
Aujourd'hui je me demande
Qui leur tiendra compagnie
Car ces quelques flaques grises
Semblent déjà s'assécher
Redevenir poussières
Et s'oublier

jeudi 11 décembre 2014

Un homme immense

J'ai rêvé d'un homme immense
Vieux comme l'histoire
Sage comme le vent
Souffrant comme la terre

J'ai rêvé d'un homme pleurant
Les larmes de ses fils
La sueur de ses parents
Et la plainte de ses filles

J'ai rêvé d'un homme qui hurle
Du sommet de la montagne
Par le vent des tempêtes
Et dans la chute des torrents

J'ai rêvé d'un homme repu
Assis en tailleur
Le sourire aux lèvres
Sans crainte de l'aurore

mercredi 10 décembre 2014

Vers l'avant

Comme un océan de vagues folles
Portant mon cœur en vallées successives
En poussées incandescentes
Comme une eau vive

Me voici moi

Bondissant comme un feu grégeois dans la tempête
Bondissant vers un soleil accueillant
Où m'attend un destin brillant

Allons sans regard en arrière
Allons sans doutes sans peine
Sans peurs
Il est temps de vivre de jouer de jouir
De l'aube sans nuages
Des journées lumineuses
De la nuit aux mille étoiles
Miennes maintenant
Et à jamais

lundi 8 décembre 2014

Quelques haikus

Trouver les mots justes
C'est partager l'essentiel
En toute musique


Quand soufflent les mots
Laisser parler le silence
Bruyant voyageur


Souvenir en creux
Prend la forme d'une vague
Hantise secrète


Par trois fois le temps
Me chante la même histoire
Labyrinthe clôt


Cinq sens et mes tripes
En deçà de ma raison
Troublent mon sommeil


Fière et altière
Menton haut, regard lointain
Un pied dans la merde


Mes premières rides
Sont celles de mes sourires
Fierté insolite


Deviner de loin
Me sourire une silhouette
Réchauffe le cœur


Respirer l'air frais
Dans une calme lumière
Soleil en hiver


Foulard et casquette
Nonchalance artificielle
Montre son derrière


Tout va bien

On aurait put l'app'ler Sourire
Le gamin qui ne sait pleurer,
Positif même face au pire
Combien de temps ça peut durer  ?
Parfois il a au coin des yeux
Une ombre, un doute, une poussière.
Mais il rassure  : rien de sérieux
Demain effacera hier.

Tout va bien, tout va très bien, trop
Tant que personne ne s'inquiète
Tout va bien, tout va très bien, trop
Il ne faut pas gâcher la fête

Comme un arbre dans la forêt,
Dont personne n'entend la chute,
Nul ne l'entend jamais pleurer.
Dès qu'on le voit, il se dit  : «  Chut  !
Ce que les autres ne voient pas
Ne me dérange pas non plus.  »
Et toujours il sourit au pas
Content que le spectacle aie plut.

Tout va bien, tout va très bien, trop
Et à quoi bon crier au loup 
Tout va bien, tout va très bien trop
S'il n'est venu que pour son cou  ?

Il a retenu la leçon
Des mésaventures de Pierre
Il ne veut d'aucune façon
Être accueillit à coup de pierres
Alors il s'est creusé la place
De celui qui va toujours bien
Si profond et même les glaces
Se laissent berner comme un rien

Tout va bien, tout va très bien, trop
Il marche comme un somnambule
Tout va bien, tout va très bien, trop
Surtout ne pas crever la bulle

En lui pourtant grandit le doute  :
Que deviennent tout ses ennuis
Abandonnés en cours de route  ?
Comme s'il sortait d'une longue nuit
Il s'aperçoit qu'il tourne en rond
A chaque mensonge il s'enlisait
Dans un sentier nauséabond,
Odeur angoisse et lâcheté.

Tout va bien tout va très bien, trop
Car voici l'heure de faire les comptes
Tout va bien, tout va très bien, trop
Il va falloir briser un conte

Le spectacle touche à sa fin,
-Adieu sa place, tombe le masque-
Pour mettre les autres au parfum
Il faut montrer toutes ses frasques.
Mais pour arracher cette imposture
Ces mensonges qui collent à la peau
Va-t-il lâcher plus qu'un murmure
Ou bien rire de ses oripeaux  ?

Tout va bien, tout va très bien, trop
A tout le monde ça va faire mal
Tout va bien, tout va très bien, trop
Blesser les autres le rend tout pâle

Y a qu'à, faut que, il n'y plus qu'à
Montrer cette histoire à quelqu'un
Aller d'l'avant dans tout les cas
Avec sa portion de chagrin.
Les autres seront toujours là 
Au moins certains si ce n'est tous
Pour partager ce nouveau plat
Salé, amer, avec une mousse  ...

Tout va bien, tout va très bien, trop
Nul n'est jamais toujours heureux
Tout va bien, tout va très bien, trop
Brisons ces silences peureux

dimanche 7 décembre 2014

Les feuilles

Voilà l'automne
Mon cœur chante
Les vieilles feuilles pourrissantes
Tapis gluant
Dans la forêt
Un murmure dans l'air humide

Place aux jeunes disent-elles
L'arbre continuera de pousser

Voici l'hiver
Les feuilles chantent
Le chœur de celles qui sont tombées
Pendant le somme
Il a neigé
On attendra pour bourgeonner

samedi 6 décembre 2014

Ce n'est pas pour moi

Ce n'est pas pour moi que chantent les gens
Ils tendent les bras
Et touchent une ombre
Ce n'est pas pour moi que chantent les gens
Je marche à petits pas
Au bord de ma tombe

Ce n'est pas pour moi que chante cet or sombre
Et toutes les promesses
Sombrent dans l'oubli
Ce n'est pas pour moi que chante cet or sombre
Le loup guette dans l'ombre
Les petits pas qui chantent

Ce n'est pas pour moi ce n'est pas pour moi
Mille chemin mais nulle porte
Encore et encore cet écho infini
Ce n'est pas pour moi ce n'est pas pour moi
Que je souffle l'air obscure
Qui sort de mes poumons

vendredi 5 décembre 2014

Les doigts en croix

Dans le grand froid
Les doigts en croix
Les bois patientent le printemps
L'hiver passera comme un songe
(Les gens passent aux pieds des sages)

Il faut apprendre à faire dormir
A faire attendre le bonheur
Quand l'hiver passe
Les doigts en croix
Range tes feuilles
Et crois en toi

jeudi 4 décembre 2014

Apocalypse

Nous sommes Dieux
Dirent-ils chaque bouche d'une seule voix
Et chaque pas soulevant la tempête
Nous sommes Dieux
Et les trompettes tonnaient dans leur souffle
Et la terre rugissait de terreur
Nous sommes Dieux
Chantent enfin les trouvères sans noms
Mille oiseaux et cent mille lions
Nous sommes Dieux
Les fourmis les brins d'herbe les pierres et les rivières
Tremblant vibrant sous le même vent sacré
Nous sommes Dieux
Au dedans brûle le feu les soleils la création
Brasier à blanc jusqu'à la fusion
Nous sommes Dieux
Proclament les mécréants et tout leurs saints
Les conclaves les synodes les bûchers et les cercles
Nous sommes Dieux
Nageant dans le sang des tocsin et des gongs
Brûlant d'un seul souffle à toutes les fenêtres
Nous sommes Dieux
Dans un torrent de poussière engloutit Babylone
Et dans l'air le temps n'avait même plus d'ombre
Nous sommes Dieux
Enfin crièrent-ils conscients ensembles morts
Armée unique aux sandale d'airain terrifiantes
Nous sommes Dieux
Tonna dans chaque fibre séparant les atomes
Révélation ultime horrible insupportable extase
Nous sommes Dieux
Et sous leurs pieds le monde trembla une dernière fois
Et à jamais les peaux frissonnent à l'unisson
Nous sommes Dieux
Comme une ligne infini d'espoirs ternis
Un rang à la discipline coupable et sublime
Nous sommes Dieux
Leurs yeux sont des éclairs sombres omniscients
Dardant leurs tripes d'une colère froide
Nous somme Dieux
Raisonne dans l'air ce cri de stentor absolu
Son simultanément ultime à toutes les oreilles
Nous sommes Dieux
Trois mots sans retour en arrière
Sentence irrévocable bouclant même le temps
Nous sommes Dieux
Furieux plus rien ne sera plus jamais pareil
Plus rien ne sera plus
Nous sommes Dieux
Crime dernier déchirant l'Histoire et l'Univers
Et tous ensembles bons méchants morts vivants
Se portent en croix

mercredi 3 décembre 2014

Les voyants

Passant par là une roulotte
Me fit l'effet d'un temple caché
Et les fumées de la Pythie
Ses hurlements grossiers et monstrueux
Sont autant de lois d'airain sournoises
Les marchands de temps sont des prêtres
Des soldats du tyran prophétique
Temps et destins marchent ensembles
Inexorablement

Et toi ô roi ô bouffon ô crédule
Et toi qui veut savoir quelle sera ta fortune
Ne vois tu pas dans le sourire édenté
La malice qui vit de son infortune
Et toi qui t'abaisse à faire ce pas
A courber ta raison à d'obscures desseins
Tu ne fais que payer ton hommage
Ta capitulation
Tu t'enferre toi-même aux galère du destin
Confirme dans ton sang le futur étranger
Celui-là même que tu entendais
Forger

mardi 2 décembre 2014

Terre brûlée

Tu as brûlé derrière toi
Toutes les terres
Tu as salé les champs de peine
Pendu les rêves
A des arbres torturés
Et fait pleuvoir les corbeaux
Sur nos ultimes semences
Pourquoi ne doit-il rester
Que le hurlement sinistre
D'un loup agonisant
Porté par le vent lugubre
Où planent les hiboux  ?
Pourquoi vouloir dévaster
Les blés que j'ai voulu partager  ?
Je ne suis pas la Grande Chasse
Qui chevauche tes cauchemars
Ni ogre ni démon
Juste un homme
Peut être moins que rien
Mais pas pire que tout

lundi 1 décembre 2014

Phylactère

Comme dans une case
Raide ankylosé
Comme dans une bouteille
Une phylactère
Pleine de deux mots gras
J'attends le printemps
Le soleil, et la pluie

dimanche 30 novembre 2014

L'autre ville

Loin de mes pensées
Une ville étrange est comme un tourbillon
Où se noierait une âme en peine
Aux pieds d'un fou hilare
Et d'un voyageur heureux
Tant de choses banalement mystérieuses
De grandes beautés vaguement vulgaires
Excitent anges et démons
Profiteurs de la moindre faiblesse

Comme une ballade sur un fil de soie
Un jardin de brouillard
Ou un labyrinthe accueillant
Cette autre cité m'offre son passé
Comme la dernière nouvelle
Sans me laisser le temps de respirer
Tout à ma béatitude ouverte
Abandon où pointe peut être
Une angoisse timide

samedi 29 novembre 2014

Tatouage

Un jour je ferai graver dans ma chaire
Le plan de mon avenir
Le schéma de mon âme
Le résumé de mes désirs
Fantasme définitif
Pour m'ancrer dans la réalité
Incruster le changement

vendredi 28 novembre 2014

L'âge

Je veux voler
M'en aller briller brûler comme le vent
Je veux crier comme un tocsin
Et collectionner des clochers
Arrachés à un temps mou

A chaque pas je sens dans mon ventre
Des crochets noués à quelque ligne invisible
Les hameçons du destin
Aussi cruels que mystérieux
Oui chaque pas est une faute
Un crime unidimensionnel
Chaque pas me coûte ou m'enfonce
Si je reste sur place

En mon sein comme ailleurs
Les secondes passent inexorablement
Et je sens le souffle de mes rides
Prêtes à fondre sur leur proie
Au coin de ma bouche molle
Et de mes yeux tristes

jeudi 27 novembre 2014

La Lorelei

La Lorelei aux yeux blonds cendrés
Perce le temps d'un trait carnassier
Et brûle mes paupières embuées d'amour
Larmes amères

La Lorelei voudrait me voir ramper
Me traîner à ses pieds me faire pardonner
Tout le mal que la terre des hommes
Sans trêve ni vergogne
Fait peser sur ses épaules de marbre frêle

La Lorelei a ainsi bien mal dansé
Et rejoint la sarabande des bourreaux malheureux
Qui empilent sur d'autres tout les misères
Dont ils ne veulent plus

La Lorelei seule s'en ira pleurer
Loin de mes bras câlins
Bon dos mais mauvaise poire

mercredi 26 novembre 2014

Le théâtre de bois

Le cœur pris comme un souffle
Dans le temps chante l'âme du bois
Et mes pas raisonnent
Et ma voix porte
Dans l'air ancien et noble
J'ai senti les géants du passé
Aux voix de stentor
Aux murmures d'or tissé
Se pencher sur le coin de mes yeux
Guetter la larme émue

Et dans le souffle de ces murs vénérables
Dans le battement de cette peau blessée
Vieille et jeune tout à la fois
Dans le souffle d'un coffre de bois
J'ai rêvé
Oh tant désiré
Réciter quelque poème épique
Ou une tirade malheureuse
Prêter mes cordes vocales
Aux fantômes que je devinais

mardi 25 novembre 2014

Les masques

L'aventure des masques avec entrain
Pose sur ma main le quotidien formidable
Des doutes et quelques espoirs
Avec passion
Avec patience
Avec mille mots que chacun peut dire
Répéter encore et encore
Jusqu'à la folie
Avec l'amour vivant pour le sens
Et ses mystères
Chaque pas est un miroir menteur unique
Dans un cycle sans fin
Qui porte l'âme jusqu'à des profondeurs riches et merveilleuses

Et je porte en moi dans mes veines
La marque vive des bois obscures
De l'éclairage des milles lunes
Qui m'ont vu porter la parole
Des Arlequins

Encore aujourd'hui dans une joyeuse caverne
A la lueur des bougies
Nous donnons vie aux légendes
Aux mythes tragiques
Et les comédies sans fin

Masque rieur
Masque pleureur
Je vous porte le même amour
La même confiance aveugle
Pour porter mon âme et mes soupirs
Vers des hauteurs plus humaines
Que ma vie

lundi 24 novembre 2014

l'Histoire aveugle

Aux marges du temps
La marche des gens
Pas à pas lourds pas à pas sourds
Ignorants les écueils
Qui leur écorchent les pieds
Surpris à s'éventrer
Sur des récifs trop immenses
Pour leurs œillères

C'est l'Histoire aveugle
Qui creuse ses ornière en charniers
Et, bienséante, attentionnée,
Laisse les cadavres millionnaires
Au dessus du panier

dimanche 23 novembre 2014

Trois écailles

Trois écailles immobiles
Sont au centre de l'univers
Trois écailles sur un avant bras
Plus réelles que tout le reste
Trois écailles d'un conte d'enfant
Trônent, incrustées dans la réalité
Trois écailles à chevaucher
Jusqu'à trouver le souffle du dragon
Trois écailles c'est parfait
Chantent la fin des temps

dimanche 16 novembre 2014

L'autre livre

Je veux changer de livre, de bibliothèque
Libidothèque
Je veux jouir de nouvelles lignes mal écrites
Et le sein heureux d'un mot joyeux
Assez de contes sordides
Et de polars ennuyeux
Donnez-moi des poèmes à faire tourner la tête
Et danser les cieux
Les yeux rivés sur l'autre rive
Loin seulement d'une autre eau fraîche

Dieu est mort

Je suis monté jusqu'au ciel
J'ai passé les anges et les portes du Paradis
-ses jardins aussi-
Jusqu'au trône du Seigneur
Le barbu premier m'y attendait
Plein d'Amour

Et je l'ai tué

J'ai tué Dieu et tout ses avatars de palabres
Tout ses reflets de papiers
Cataplasmes de morale

Et sa tête coupée souriait à la ronde
Car dans le cri d'angoisse générale
L'Homme paniqué était désormais libre
Seul maître du pire comme du meilleur

Mais ils m'ont crucifié
Ils m'ont troué et m'ont hissé bien haut
Sur leurs nouvelles bannières

samedi 15 novembre 2014

Confession

Il faut que je le confesse
Je ne sais comment vivre
Je ne sais comment aligner deux mots conscients qui ne sonnent pas faux
Je ne sais

Je me réfugie dans le creux confortable de mon esprit malade
Je me vautre dans le chant des sirènes
Pas même assez courageux pour me laisser aller au cynisme décadent
Si j'ouvre les yeux je ferme mon esprit pour ne pas comprendre
Le regard noir chargé de pourriture que le pavé même
Et son frère le bitume maltraité
Me jette à la gueule, me hurle aux tympans morts de doutes
Et de honte

Dans mon cœur rien ne pousse
Ni l'espoir
Ni la colère
Ni le vice
Ni l'harmonie
Tout est repoussé loin, au loin
Par des masques factices
Des fredaines légères tout juste assez nombreuses
Pour me noyer dedans
Corps et âmes

Je ne parle même pas de mes contemporains
Ces ombres sur vos épaules
Ces marionnettes saignantes qui prétendent rire
Avec moi
Ha  ! Seriez-vous fous  ? Furieux, rigolard, stupides et ignorants  ?
Naïfs je ne le crois pas, je ne sais
Que ne savons-nous pas
Quel fruit n'avons-nous pas mangé
Qu'il nous faille soupirer et tuer dans le même souffle
La même assiette
A l'ombre de nos terrasses
Au cœur de nos festins  ?

Je suis un rêve perdu et inutile
Un veau bêlant aux yeux de sang
Aux oreilles bouchées
Et au nez brûlé d'encens
Je suis un chant mourant sur des lèvres exsangue
Bientôt une machine sans nom
Dans une foule sans fin
Une erreur de plus dans l'océan
Un cri dans le vide
Hurlement trompeur aux apparences de son
Qui n'apporte rien au silence

vendredi 14 novembre 2014

A celle qui n'existe pas

La nuit le silence est creux de ta voix
Et mon souffle solitaire
Et mon lit désert
De ne pas te connaître
La nuit je penche la tête
Vers le creux de ton épaule
Et sur ma nuque l'épiderme se réveille
En imaginant la caresse de tes doigts
Tes mains dans mes cheveux
Le vent calme espère porter le son de tes pas
Et mon cœur se berce de rêves
Qui finissent dans tes bras

Pourquoi faut-il
Que tu n'existe pas  ?

jeudi 13 novembre 2014

L'aventure

A demain les sourires, le soleil et la vie
A demain le temps qui passe lentement
Comme un désir sur mon souffle
Et le vent fou et le rire serein
A demain la joie de vivre peut-être
Et la sortie du labyrinthe

A demain la paix malaisée
Mais les pieds devant, pas à pas
A demain le bout de chemin suivant
Et l'aventure

mercredi 12 novembre 2014

Le secret

J'ai un secret mal famé
Un coffre pas bien gardé
Où je me trouve enfermé
-bien malgré moi-
C'est un oiseau sombre et luisant
Un rapace carnassier, cruel
-et surtout menteur-
Au cri perçant que nul ne doit entendre
Que nul ne veut entendre
C'est une cloche maudite au fond de mon gosier
Une gorge nouée à force de l'étouffer

Mais si je l'égare, si j'ai crié
Est-ce moi qui aie fauté, alors  ?
C'est moi qui serais chassé
Écartelé
Ça ou pendu à la longue, à la sourde
Dans l'intimité de mes pensés

C'est un secret mal famé
Perché sur mes épaules nues
Ses serres trempées dans mon sang
Maudit volatile pestiféré
Je te hais et t’abhorre
Je te veux finit, mort détruit
Si seulement oublié
Je ne peux te laisser me transformer en quelque épouvantail crucifié
Ni te laisser séjourner en mes entrailles
Oh fruit du démon que ne puis-je t'oublier
Que ne pouvez-vous supporter la vue des cicatrices qu'il ma laissé
Sales taches incrustée qu'il m'a infligé
Dans le silence des chambres
Et le secret d'un lit défait
Tordus de sentiments contrariés
Déplacés
Et ma gueule aveugle, désemparée
Au matin sous les bandages

mardi 11 novembre 2014

La ronde des mots

Partout, où que mes yeux se portent
Et dès que mes oreilles entendent
Quand se lève le matin du monde
Jusqu'à l'aube des derniers jours
Mes sens me noient dans trop de mots
Dans le labyrinthe des signes
Je sens le souffle de la Bête
La folie est un Minotaure
Qui piétine mon fil d'Ariane
Et affole la farandole

Oh  ! Donnez moi un désert de silence à hurler
Une page blanche où m'enterrer
Privez moi d'encre et de langue
De bons mots, premiers et derniers
Et des mauvais toujours de trop
Sevrez moi de ces ambitions absurdes
D'ordonner les rondes qui m'entraînent
Je rêve d'un trait unique, plat, cercle
A suivre sans un mot ni une lettre
Points et virgules sans fins ni trêves

Stase, trêve, pause, calme plat
Pas même un bip crevant la bulle
Juste une seconde éternelle pour moi
Une grâce, un souffle inconscient
En deçà et au delà du savoir
Un rêve d'ange et d'absolu
Chut, chut, silence, chhhh  …. aaaah.
Et reprendre un pas après l'autre
Savourer le tempo, le son, le sens
Soulignant le vacarme du silence


lundi 10 novembre 2014

Les leçons

Seigneur de mes erreurs
Grand duc de l'ineptie
Je vais et chevauche le fier destrier de ma raison
Et vaque à d'obscures tâches
A d'obscures leçons

Et quoi  ? En avant  !
Se taire est fauter, parler un crime
Alors autant payer notre dîme coupable
A l'Histoire des hommes qui savent
Accumulant les taches d'encre
Égrainons vainement quelques péroraisons
Quelques certitudes malapprises
Maladroites échappées de l'ignorance

Tant mieux si elles inspires  !
Tant pis si elles font rire...

L'oubli est leur destin

dimanche 9 novembre 2014

Volcan

Avez-vous déjà dans vos tripes senti le volcan
La colère noire de rage rouge
Le souffle impuissant et déchaîné
Crevant la bouche déformée
Dans les veines le sang bât comme un sourd
Pour assommer la raison
L’insupportable pression monte encore et toujours
Et tonne l'orage impitoyable et futile
Les mots frappent au palais
Brouillons bouillonnants mélangés de crachins
Et les muscles tremblent, prêts à céder
Prêts à déchirer, tout matière à leur portée
Prêts à l'irréparable furie
Le vent malsain qui porte la folie
Furieuse et paniquée

Et puis on se retrouve cratère fumant
Fumées et gémissement
Pantelant et comme nu
Il ne reste qu'un horizon cruel et dégagé
Un ravage qui ne s'efface pas
Et les tempes prises dans l'étau
Et la gorge prise dans ses nœuds
Et les blessures violentes
Ne laissent aucun échappatoire.

Dans le miroir je contemple un homme petit
Vide et désemparé

samedi 8 novembre 2014

Echappée

Adieux veau vache cochon poulet
Cafard choléra blattes et morpions
Quatre plumes dans le dos
Et le vent à mes côtés
Porteurs de sourires à peine rêvés
Je m'en vais et m'envole
Vers d'autre contrées

Adieux hier, bonjour demain
Dormez bien vieilles rancunes
Sans vous réveiller

Le jour se lève et je vais en profiter

vendredi 7 novembre 2014

Images

Je suis un cheval fou sur une route droite
Une locomotive noire dans une nuit sans lune

Je suis Asterion aimant les murs de sa maison
Un rêve perdu sur les lèvres du matin

Je suis une girouette dans le vent du désespoir
Une méduse flottant à la dérive des oubliés

Je suis un puzzle sans pièces ni sujet
Une prière muette à un dieu sans nom

Je suis le chant dans l'âtre et dans la peur
Une rivière idiote que nul ne prend au sérieux

Je suis les promesses que personne n'a tenu
Les mensonges que nous connaissons si bien

Je suis le murmure du temps sur une muraille qui s'effrite
Un bain de foule géant dans un rêve affolé

Je suis une blessure cachée sous les feuilles mortes
Une photo perdue qui hante la mémoire

Je suis un mauvais génie plein comme une outre
Une rafale incrédule et lasse de sa propre voix

Je suis un chemin lointain bordé de pépites d'or
Une guitare rouge criant des lettres de feu

Je suis léviathan, Cyclope et ténèbres vivantes
L'ange fou qui veut encore y croire et espérer

Je suis le moustique simplet qui égare sa trompe
Une araignée mutine qui tisse des toiles heureuses

Je suis le livre poussiéreux racontant les légendes de demain
Un horoscope bâclé honteux d'avoir vu juste

Je suis le rire aimant d'un masque de papier
Une bouteille vide et fêlée regrettant la mer

Je suis un air de musique appelant la pluie
Une plume vulgaire pourpre et heureuse

Je suis un poème que nul ne comprendra
Une porte noire et luisante dépourvue de poignée

jeudi 6 novembre 2014

Premiers jours

Qui es-tu impudentes  ?
Toi qui ose me faire songer à écouter mon cœur une nouvelle fois  ?
D'où sors tu, de quel rêve
Sorti de quel abyme dangereux  ?
Pourquoi secouer mes vieilles branches
Qui ne demandent qu'à se scléroser
Sous le lierre des regrets  ?

Je te regarde et mes yeux
Se débattent contre un voile blasé
Je t'écoute et mes oreilles
Ne se croient plus elles-mêmes
Je te touche et n'ose y croire
Tout en n'espérant rien d'autre
Je te sens malgré tout
Et ne désir plus que te goûter

Et maintenant que c'est fait
- oh  ! Rien qu'une ou deux bouchées -
Je me souviens, je l'avais oublié,
A quel point le manque peut être bon
Et le temps se diviser par deux jusqu'à l'infini

Le nom du fleuve est vie
Ma sève en son torrent se précipite
Et (je) ne veut plus stagner
Je veux naviguer vers d'autres sourires
Et m'orienter à tes regards complices
Je veux braver l'embouchure
Et hurler jusqu'à vider l'océan
Je veux t'offrir tout ses poissons

L'orage gronde, salutaire
Entre mes angoisses et ma passion
Toutes deux agitant la mer de mes entrailles
Je redoute autant que je souhaite
Ce coup de foudre imprévu
Pour doucher mes inquiétudes
Et m'en remettre à demain
A tes mains

Carcan

La maîtrise m'était devoir
Contrainte
Poids, travail insupportable forçat
Elle fut le masque que je dû faire
Ouvrage maladroit et grotesque
Pour croire qu'on me parlait, qu'on m'aimait, même  ?
Une prison conventionnelle qui ne faisait pas son office
Un échec cuisant à la longue, en douce, en traître
Et quoi  ? Malgré tout mes efforts on me fout dehors  ?
Vous dire alors la rage, le dégoût de moi
Noyé dans la solitude

La maîtrise m'était un mécanisme mal réglé
Aveugle
Moi robot maladroit, bouffon forçat
Pour quelques miettes de chaleur humaine
Et la rouille, la rouille cruelle des moqueries
Et de l'indifférence

Alors assez de cette prison de chaire forcée
De ce carcan d'os harassés
Je veux régler mon pas sur la musique de mon sang
Des paroles d'un souffle ardent
Plus de marionnette finit les pantins
Voici l'homme de sang frais et bouillonnant
Danseur difforme mal informé
Mal être passager au cœur de la tourmente
Et tant pis si mon ombre épouvante
Et tant pis pour les cailloux qui volent
J'aurai au moins profité de l'odeur du vent

mercredi 5 novembre 2014

Cadavre exquis

Papillon blanc au grès des mots
Je vol d'odeurs en délices
Je ne regarde pas le monde ni vos yeux
Mais je m'en imprègne
Ma vie est un corps-à-corps somnambule
Une bulle de savon vibrante
Heureuse d'éclater, de raisonner
Je vibre silencieusement pour vivre impunément
Les yeux fermés
Petit à petit les échos laissent leur trace
Tissent pas-à-pas dans les plis de ma peau
La palette obscure de mes expériences passées
Qui sait quelle encre se dépose dans ma peau  ?
Quelle note raisonne encore dans mes tympans  ?
Je suis un livre, un cadavre exquis
Qui danse au fil de la vie
Et des rencontres
Je suis un fou heureux, un pantin triste
Un agité du bocal qui joue à l'artiste
A quand le vent changera-t-il sa rengaine
Pourrai-je alors savoir ce qui me traîne
Mène en radeau en muse infortune

Je suis un gong qu'effleure la geste du temps
Un palimpseste, un cadavre exquis
Une porte ouverte à tout les vents
Une improbable bibliothèque
Fragmentaire

La vallée sans ombres

J'ai vue une vallée rocailleuse
Que n’atteignaient nulle ombre
Ni le moindre souffle d'air
Dans le creux des pierre on pouvait deviner
Des visages sans nombres
Ni noms
Point de croix ici-bas
Juste des vies fossilisées
Strates par strates de désespoirs
Dans la vallée sans fin
Juste une rumeur inaudible
Le chant du temps passé
Qu'on voudrait oublier
Pour enfin redevenir cailloux et poussière
Pour enfin effacer quelques lignes
Dans le livre de la mémoire
Insulte monumentale
Trônant au fond de la vallée sans ombres

mardi 4 novembre 2014

La jungle

Dans une jungle criarde
Sur un fleuve gras et paresseux
J'ai fait un somme en songe
Porté par un improbable bateau
Une longue pirogue noire
Effilée
Filant sur l'eau en rythme

Quatre puces ramaient et une autre chantait
Une mélodie sans paroles ni espoirs
Juste une calme existence souriante
Toutes dents dehors
Sur la rive une foule d'animaux criards dansaient
Bras dessus, bras dessous
Toutes dents dehors
De calmes sourires inquiétants
Tandis que sur le fleuve gras
Filait mon bien être
Et moi dedans

Et la puce diva me souriait
Et la puce diva me chantait
Et le temps me trouvait ouvert
Yeux clos
Un ensemble sans prises ni arrêtes
Tout en rondeurs dans l'instant
Du rêve infini et fugace

Dans mon sillage je laissais
Goûter mes soucis en taches d'encre noire
Pour noyer mes cauchemars
En toute innocence
Et sérénité

Saccage intime

Mon cœur bat le tambour de guerre
Scande le drame dram dram dram
Jusqu'à secouer les fondations
Jusqu'à hurler les révolutions
De l'âme bafouée, reniée, violée
Du monstre et de l'ange
De la banshee exsangue,
Criarde, blessée et cruelle
De ses hurlements stridents et paniqués
Qui font grincer la réalité
Et saigner les cieux

Une pluie rouge une pluie de feu
Une apocalypse sordide et malheureuse
Qui épuise les mots et le sens
Qui déchire la vie pour exposer ses entrailles
A tout les rongeurs pestiférés
Violence, trois fois violence
Cruauté résignée maltraitée
Meurtre des jours passés abominés

Oh! La vilaine chanson
L'horrible fredaine, rengaine cruelle
Crue
La honte du temps bue jusqu'à la lie
Sur le lit des serments bafoués
Extirpés, brutalisés, balafrés
Transmutés en monstres rigolards
En farce à vomir, à hurler sous la Lune
A tomber sans fin
Dans le plus profond des gouffres
Jusqu'à la source honnie du crime premier
Sous le ricanement des étoiles
Naguère souriantes
Jusqu'aux reflets brisés noyé de honte
De miroirs désorientés
Perdus en enfer

L'encre coule vainement
Pour tenter le portrait d'un tel charnier
Sang de rêve défunts
Sang de bonheurs interdits
Sang de bêtes torturées, beuglantes de terreurs
Devant l'absurdité du monde
L’inanité de la vie
Quand elle perverti jusqu'au meilleur
Instille le mal au cœur du bonheur
Contamination putride que rien n'arrête
Et qui tourne, et qui tourne et qui tourne
En boucle infernale chassant rêves et cauchemars

Rien n'est alors pire que l'éveil
La conscience blessée
Une balle en plein cœur,
La confiance brisée
Jusqu'à la trogne fracassée
Le glas a sonné sur l'avant et l'après
Du matin sordide de cette danse maudite
L'amour transformé en carnage
La vie transformée en saccage
Et au milieu de l'hécatombe
Ne peut raisonner qu'un rire dément
D'incrédulité

Il y a quelque chose de pourri
Dans cet euphémisme lettré
Cette gerbe verbalisée sur le tombeau du respect
La chasse aux anges est déclarée
Comme un vol de palombes effrayées
Par la boîte de Pandore
Ouverte et vide

mardi 28 octobre 2014

Un chemin irrégulier

Quand j'ai commencé ce blog, j'avais une réserve de poèmes déjà écrits. Plus de la moitié datent de cet été, les autres de ces deux dernières années, de manière très irrégulières. Il en reste une trentaine de non publiés, dont je ne sais pas s'ils le seront un jour. Certains sont vraiment trop maladroits ou ne me plaisent juste pas. D'autres sont "en cours", il faut que j'y retourne pour en être satisfaits. Et puis il y a ceux qui sont trop intimes.
Quoiqu'il en soit depuis le début du mois le rythme des publications est devenu irrégulier, comme l'inspiration et ma productivité. J'avais imaginé (espéré?) que je pourrai continuer à écrire assez souvent pour que ce ne soit pas le cas. Mais l'inspiration est très dépendante de ma vie, de ce qui me touche. Après un été ... "intense", les choses se calment (merci) et les mots se font plus rares. Mais contrairement aux autres fois où une période prolixe a été suivit d'un certain "vide", je ne lâche pas l'affaire. J'essaie de me souvenir de ce que je ressent quand l'inspiration me prend pour recréer plus "volontairement" cet état, proche de l'écriture automatique (je crois). On verra bien où cela me mène. J'espère que je trouverai des choses un peu nouvelles, différentes. J'espère qu'elles plairont à certain-e-s d'entre vous.
Et puis j'essaierai aussi de faire ce genre de billets de temps à autres.

Merci de votre visite !

vendredi 24 octobre 2014

Enflammé

J'étais une matière hautement inflammable
Une soirée endiablé commis l'irréparable
Chaque seconde abandonnée à mes pensées
Depuis au galop te reviens et sans traîner

Hier matin j’eus la joie d'admirer ton visage
Dès que je regardais les filles de passage
Surpris, étonné, je me pris à espérer
Occuper pareille place dans tes pensées

Pour toi je sais bien ce n'est pas le moment
On ne jette pas l'ancre au cœur d'une tempête
Car un cœur fatigué ne fait pas de serment

Qui sait de quoi est fait le futur qui nous guette
Prenons le temps de s'explorer tout cet été
Le pire serait de s'ignorer et regretter

Lettre à la folie

Voici le fou, voici son fioul, le fiel
Qui tire dans la foule, cherche la querelle
Il s'en fout, lui, sa raison bat de l'aile
Saoul, il trace sur le pavé sa marelle

Rongeant des os, les déçus ont bon dos
Sans faire de cadeaux à nos idéaux
Des idées reçues c'est tout leur credo
C'est qu' des crados, dessus jette un sceau d'eau

Au réveil, la folie comme sonnerie
Entend l'appel, ne retiens plus ton cri
Faut qu'on s' rebelle, plus y a de fous plus on rit
Entre les hommes pas besoin de faire le tri

Face au réel, les fous seuls se croient sage
Ils cachent leur face sous le maquillage
Mais tu t'en fous, fais place à ton visage
Tu te sais fou et c'est encore plus sage

Tu veux ma loi  ? C'est vivre et laisser vivre
C'est pas de moi, je l'ai lu dans un livre
Je pense, je crois, cette nuit-là j'étais ivre
De toi, de moi, tout simplement de vivre

mardi 21 octobre 2014

Culpabilité

Au jeu des mensonges
La mémoire est reine
Au jeu des illusions
Cruelle et sereine
Au milieu de mon nom
Mon âme en peine
Contemple le dragon
Qui sommeille dans mes veines
Au delà de la raison
Comme une malédiction
Caché par la mise en scène
Au cœur de mes gènes
Comme une trahison
Une atroce chanson
Un chaudron bouillant de haine
Qui hurle coupable et condamnation
A ma conscience à la traîne

samedi 18 octobre 2014

Devenir

Combien de ces mots
Survivront-ils à la nuit  ?
Combien conjugueront au présent
Passé et futur  ?
Cette photo trouvera-t-elle son charme
En dehors de son instantané  ?
Réveilleront-ils quelque fierté
Ou seront-ils enterrés par l’auto dérision
- oh  ! La farce facile, la fuite en riant -  ?

vendredi 17 octobre 2014

Echo, autre écho

Mon cœur en manque / crave
Se nourri d'histoires
Se dope de fictions
Que lui fourni un cerveau
Fébrile et conciliant
Des yeux curieux
Des pages déjà écrites
Des images déjà vues
Des rythmes qui lui font croire
Qu'il bat à l'unisson
De son écho solitaire

Le sang ne suffit pas
A ce cœur affamé
Il veut respirer
Il veut soupirer
Expirer tant d'envies
De désirs larvés
Il bat fort pour un oui ou pour un non
Conscient de son inconséquence
Nourri à l'ironie
Mais seul son propre écho répond
Et le laisse sur sa faim

Les jolis mensonges

Je t'offrirais des mots
De fièvre et de sang
Et des serments de feux
Jusqu'à la fin des étoiles
Je mentirai alors
Comme un arracheur de dents
Pris entre l'indicible
Des battements de mon cœur
Et des mots trop étroits
Mais surtout n'aie pas peur
Ce ne sont là que mes couleurs
Ce ne sont là que des bouquets
Ce ne sont là que des espoirs
Ce n'est que mon âme qui crie
Loin de toi

jeudi 16 octobre 2014

Pantomime

Mon cœur bat à l'unisson
De chaque note
De chaque chapitre
Pour chaque prise de vue
Il s'emballe et enfle comme une baudruche
Absurde
Pantomime de fictions flamboyantes
Réchauffant une réalité
Perdue dans trop d'artifices
Qui font tourner la tête
Et battre le cœur

Nos vies séparées

Nos vie sont comme des harpons
Plantés dans la chaire de l'autre
Des crochets sanguinaires
Torturant notre mal être
Des blessures assassines
Mal cicatrisées
Toujours réveillées
Par nos gestes séparés
Malgré la distance
Toujours reliés
Je veux les enlever
Un à un les détacher
Nous voir libérés
Sans se retourner
Décrocheter la cruauté crasse
Que nous cachons dans nos cœurs
Couper le fil de nos cauchemars
Casser la scène trop répétée
De nos poignards levés
De nos lèvres abreuvées
De nos passions crevées de peine

Allons jusqu'à l'aube
Pour oublier la nuit
Laissons derrière nous
Notre fantôme décédé
Et posons nos pieds
Sur deux sentiers séparés

mardi 14 octobre 2014

Les soucis

Ma tête ma vie mes soucis
Ma tête mes misères mes envies

Oh comme un vol de passereaux
Balade de mots en mots
Mot à mot

Oh comme un vol de passereaux
De rêves en idioties
A mes épaules indécises

Oh comme un vol de passereaux
Qu'à cela ne tienne
A tire d'aile et puis s'en vont

Oh comme un vol de passereaux
Ainsi s'en vont pleurer les mots
Les maux dits de mes soucis

Mes angoisses

Ah ! Mes angoisses !
Mes petits nœuds à l'estomac,
Mes doutes et mes craintes,
Mes contes inquiétants.
Comme des petits démons
Juste au bord de ma vision.

Je ne vous fuis que sur place
La tête dans le sable
L'autodérision défaitiste
La fuite souriante
En regardant ailleurs

Si je vous affronte vient la frayeur
La terreur face au puits sans fond
Face à vos gueules torturées
Et à la grande question :
Peut on vider la boîte de Pandore ?

dimanche 12 octobre 2014

Le coq


Regardez ce coq
Crânant de la crête
La langue de bois lui colle au palais
Les secrets lui rongent les os
Les vices le démangent
-chut- sous les aisselles
Son costard l'empêche de voler
Et des bijoux remplacent ses ergots

Il dort sur un matelas de poules
Il vend leurs oeufs
Il prend un air d'alpha
Pour aimer son miroir
dit-on
Ou chasser le renard
dit-il

Ses cocoricos
Ont tellement usés les mots
Que les têtes raisonnent
Encore de leurs échos
Vides de sens

samedi 11 octobre 2014

La mélasse

Mes ailes sont engluées
Par une mélasse sirupeuse
Et je rampe le regard
Fixé sur le soleil
Espérant qu'elle fonde
Et ne sèche pas

Le singe, la chouette et le lion

Une chouette, un singe et un lion
Se partagent mon arbre blanc
Mon baobab, mon chêne, mon eucalyptus
Je m'en balance avec le singe
Je pérore avec la chouette
Et ignore le lion à mes pieds
Il s'encroûte, s'encrasse, galle et veule
Nul mystère si on le raille
Ses griffes ne servent qu'à creuser et se terrer
Mais un singe et une chouette
Ne quittent par leur arbre
Au milieu de la savane
Sage et drôle, mais seuls dans mon arbre
Ils se moquent de l'animal, du troisième
Qui baille
Et pourtant seul peut partir à l'aventure
Et ramener des nouvelles du monde
D'autres sourires, d'autres contes
D'autres branche où s'amuser
D'autres perchoirs ou pérorer

Il me faut apprendre à rugir
Ameuter et non effrayer
A secouer ma crinière, ma majesté
Impressionner sans rabaisser
A l'ombre du baobab constituer une cour
Ouverte à tout les vents
Ouverte à tout les gens
Libre et sereine
Solide et rassurante
Et quand le singe, la chouette et le lion chanteront
Poussera une forêt

jeudi 9 octobre 2014

La Banshee

Je connais désormais
Le chant, le cri de la Banshee.

Elle pousse son râle au bord d'un chemin blafard
Elle se lamente, souffre abondamment
Évidemment
Et ses larmes de sang sont le fruit
Du poignard à ta ceinture
Elle l'a vu
Qu'importe si tu l'a levé
Ou non

Elle se lève et sa bouche se déchire
Sa face n'est plus qu'un masque de tourments
Un cataplasme pitoyable
Un piège terrible de sincérité
Qui égraine de plus en plus fort
Des mots, des cris, des peurs
Des paroles, tout autant de crochets
Qui se plantent dans ton âme pour la réduire en lambeaux

Sa chanson est une malédiction suicidaire
Une toile de peines et de remords
Un torrent d'imprécations assourdissant
Hurlé à ta gueule médusé
A ta conscience pétrifié
A ta confiance en morceaux

Monstre malgré elle
Faut-il être sourd
Ou parfaite oreille
Pour pouvoir l'aider  ?