J'ai retrouvé le chemin des mots
Et plongé dans la mer
J'ai joué dans l'écume douce-amer
Qui sert le cœur tendrement

Aux sons de la mélancolie
Au rythme des complaintes
J'ai souri

jeudi 19 mai 2016

Tombes amères


Où êtes vous hommes morts
Tombes amères
Où sont les ombres de vos regrets
Le chant de vos erreurs
Où sont cachés les échecs
Cadavres riches
Entrailles chaudes
Et mouches joyeuses

Je suis un charognard
Un pillard sans gêne de vos souvenirs
Lassé de vos exploits
De vos gloires factices
Faciles fantasmes des vivants
Monnaie de singe
Loin de vos chaires pourrissantes
Votre perfection mortuaire
Tout juste gravée dans la pierre
Ne me vaut rien

Et le sourire carnassier
De vos crânes moqueurs
Sages parmi les sages
Ils dorment d'un œil noir
Sur le fumiers des vos échecs
Sans lequel la terre de vos sépultures
Ne refleurirait pas

Où êtes vous hommes morts
Ratés aux milles leçons
Sublimes maîtres
Enterrés dans des tombes anonymes
Comme un trésor maudit

Pas de cravate


Une société funeste tient mes amis pour otages,
Ma familles, ces être chers, mon cœur et les nuages.
Pourtant que m'importe la boue, la pluie ou les naufrages :
Penser debout, libre de respirer, voilà conduite sage.

Mais seul, jamais ! L'écho de ma voix résonnant dans mon crâne
Me terrifie et j'aime mieux la confier à un âne.
Il faut donc m'habiller, me maquiller et décorer ma cabane ;
Sacrifier au confort, ordre superflu où ma vie se fane.

Que vous importe que je danse nu et me nourrisse de graines
Je chante cent fois la même langue et n'épargne pas ma peine.
Ah mes amis libérez-moi du poids de vos propres chaînes
Pas de cravate pour le bouffon : nous nous éreintons sur scène.

Les clowns graves


Je vois des clowns graves
Des hommes tristes en uniformes
Sombres mines et beaux costumes
Pas même les bouffons
De leur propre face
Ils s'imaginent une tragédie
Ils se vivent maîtres de leurs fils
Et tirent sur ceux des autres
Et tirent sur les autres

Ils chantent des chansons amères
Des morceaux gâtés
D'attendre l'accord du voisin
Des mots qui les meuvent
Et veulent mouvoir l'autre
Des mots qui s'émeuvent
D'être le soupir fantôme
D'une tragédie imaginaire
Et non la rime vraie
La rime joyeuse
De nos rêves matinaux
De nos rêves quotidiens
De nos rêves demain

Des clowns graves
Ignorent la piste de danse
Et marche au pa
Mettent le pied dans le plat
Sans blague et sans histoire
Le temps passe et nul n'applaudit
Des hommes graves acquiescent en silence
Spectateurs qui s'ignorent
Leurs soupirs sont un requiem
Et leur mémoire s'arrête au seuil de la nuit
S'arrête au seuil des corbeaux
Et des chauves souris

Mais qui donc taille ces costumes
Ces prisons charnelles
Trop crues trop vraies
Ces prisons identitaires
Leurres sentimentaux
Qui mettent le dedans à l'envers
Et le dehors en travers
De nos gorges déployées
De nos rires souverains
Bouffons heureux
Les poches vides de cailloux
Les regards plein de nous
Et la vie en partage


Homme mort


Quoi ?
Homme fou !
Homme mort !
Quoi ?
De la haine
Du fric et des matraques ?
Quoi un trône ?
Encore ce rêve puéril…
Quoi faut-il plus de malheurs ?
Faut-il encore souffrir
Et hisser des murailles
Autour du désastre ?

Abandonne tes chimères
Tes monstres tes abus
Homme mort violence naine
Abandonne la clef
De ta cellule
Déposes tes larmes
Ouvres-toi – enfin -

Tu cries, tu frappes
Ordonne
Ment, sourit
Maudit, trahit...
Et quoi, homme mort ?
Te crois-tu si fort
Parce que le son de tes pleurs
Écorche toutes les oreilles ?
Parce que le vent de tes caprices
Heurte le dos de tes semblables ?

Homme fou
Homme mort
Oublie
Et reviens-nous

Misère de l'ironie


Oh
Misère de l'ironie
Cri infâme de l'âme fidèle
Pleurs du juste
Transformés en armes

J'ai marché à l'ombre de murs cruels
Jusqu'à l'assemblée de mes semblables
Jusqu'au cercle serein

Ils discutaient
Rêvaient
Espoir aux lèvres
A construire leur propre mur

Oh
Misère de l'ironie
Le souffle de mon espoir
Me reste dans la gorge
Il suffit de marcher libre
Et laisser les arbres à leurs glands
Et laisser le temps dans le marbre
Se souvenir de nous

Mes amis mes amours
Mes superbes idiots
Pas de plan, pas de brasier
Pas le temps pour espérer
Marche et rêve
Et crève enfin
Heureux

Rêve amer


Je suis le rêve brisé
Que nul n'a jamais assemblé
Je suis l'enfant triste
D'une époque informe
Infidèle
Qui ne verserai pas de larmes amères
Qui ne pleurerai pas de dépit
La main tendue

Elle caresse les contours d'un rêve
Juste là
Sous mes yeux
Sur ma peau
Dans mon cœur
Juste là et pourtant si loin
Juste un rêve nourrit aux parfums
De la rue sage et cruelle
Parfum de bitume
Fragrance aigre
Juste un rêve si loin de mes jours
Que la terre sous mes pas
Se fait cauchemar
Cadence brutale
Mécanique implacable

Je suis un rêve brisé
Que nul n'a jamais assemblé
Produit indéfini
Rebut de série parmi tant d'autres
Entre liberté et soumission
Entre mes pièces et mon cris
Rage et désespoir, amour et magie

Oh mon rêve
Oh mon père
Pairs de mon pères
Et frères de ma mère
Oh mes cousins mes hommes
Ma fratrie
Oh ma sœur mes amie
Mes amantes
Mirage sous mes yeux
Pourquoi tant de sang sur nos épaules
Dans nos yeux
Pourquoi ce feu dans nos paroles

Écoutez ce rêve informé
Sans prétentions
J'assemble trois phrases
Quelques mots
Et je tire ma révérence

Oh mes frères
Votre visage à le contour du rêve
Un pas pour vous étreindre
Un pas pour chuter
Votre visage si loin sous mes yeux
Et le rêve dans ma chaire
Tourne aigre
Tendre amer

Je serai l'amour


Je serai l'amour
Et votre rage
Vos cris vos coups
Je serai l'amour
Peuvent se faire vague
Vent violent, tempête
Ouragan même
Je serai l'amour
Envers et contre tout
Sans compromis
Sans hésitations
Juste un point d'eau dans le désert
Quitte à finir chez les fous
Quitte à finir chez les morts
Les mendiants les bagnards
Je serai l'amour

Je rirai tendrement
De la haine et de l’infamie
Du ridicule sérieux
Qui tue chaque instant
Je serai l'amour
Quitte à brasser du vent
Quitte à rêver tout haut

Je vous laisse la guerre
Et la violence éternelle
Des justes et des mauvais
De l'envers
Et de l'endroit

Je serai l'amour

Les batons


Les bâtons cognent sur le pavé
Et la colère gronde
Le visage masqué
Les bâtons cognent sur le pavé
Et tout le monde sait
Qui tirera le premier
Les bâtons cognent sur le pavé
Bêtes immondes
Pauvre pavé

Les bâtons cognent sur le pavé
Et les sirènes en furie
Crachent leur sang
Et les crânes en lambeaux
Crachent leur sang
Les bâtons cognent sur le pavé
Rythme faux sans mélodie
Et c'est la guerre et la misère
Et c'est la haine qui l'emporte
Le feu dans les entrailles
L'homme contre l'homme
Sans soucis du voisin
Sous la fumée du gaz
Plus de pitié plus de silence
Plus de sourires ni de clémence
Les bâtons cognent sur le pavé
Mortelle danse
Voie sans issue
Impasse forcée sur des corps meurtris

Les bâtons cognent sur le pavé
Orgueil puissant dressé devant la foule
Aveux du berger lâchant ses chiens
Et c'est l'homme contre l'homme
Frappant comme un sourd
Les yeux fermés
Le cœur serré

Le jour sans fin


Viens avec moi dans le trou
Où les ombrent dansent avec les fous
Viens toucher des grelots joyeux
Et contempler leurs tristes échos
Ce sont mes larmes et mon haleine
Ce sont les mots qui ne suffisent plus
Petites choses creuses

C'est un jour sans fin
Encore et toujours la même danse
Les même pas sur les même notes
Viens avec moi, toujours plus profond
Dans l'empreinte de mes soucis
Dans les puits de mes craintes
Creusé sur place dans le jour sans fin
Jusqu'à me cacher l'horizon

Et, devant le soleil
L'ombre de la mort
Et, devant le chemin
L'image de mes échecs
Et, dans le vent qui se lève
L'aube nouvelle

Auprès des cendres froides


Bonjour vieil ami
Chien miteux
Toujours blotti devant l'âtre
Et les cendres froides
Bonjour ai-je dit
Cette fois ci j'ai tourné longtemps
Cette fois-ci j'ai même cru
J'ai même trouvé de nouveaux chemins
Pour revenir auprès de l'âtre
Et des cendres froides

La source


Je suis la source du bonheur
Qui croupi ici bas
Je suis la source et le malheur
Croit dans mes bras

Je chante et je m'étouffe
Je m'étrangle tout bas
Je chante, pourquoi pas ?
Je ne suis pas vraiment là

Je suis la source qui a peur
D'irriguer le désert
Peur de se perdre dans le sable
Dans le mirage de l'oasis

L'homme sans leçons


Quelles leçons puis-je donner
Moi qui n'ai pas trouvé de chemin
Moi qui expose la trace de mes errances
Dans l'espoir d'être trouvé ?
Vais-je vous apprendre à compter
Sur les feuilles perdues de mon calendrier ?
Vais-je vous apprendre à dessiner
Moi qui vit sans carte ni légende ?
Vais-je vous apprendre à se rappeler
Les yeux rivés vers l'instant T
Et mes pieds tout en bas
Captivants d'inintérêts ?

Je suis le mauvais élève
La mauvaise graine
Je ne sème ni ne récolte
Je ne brûle rien
Et ne donnerai pas de cendres

Et pourtant
Je prétend manger du pain
Et boire votre vin
En chantant fort et faux
Des inepties et des fredaines
Des insultes, quelques critiques
Je m'insurge et je me moque
A la chaleur de votre feu

J'aimerai n'être qu'une voix
Un courant d'air
Un souffle divin
Qui vous caresse et vous rend fou
Et puis s'en va
Et n'emporte pas ses restes

Mes épaules doutent


Puis-je laisser le monde brûler
Pour chercher un peu d'amour ?
Puis-je laisser l'eau déborder
Pour sourire à mon tour ?
Les bras baissés
Les mains ouvertes
Le cœur léger
Le ventre vide
Suis-je un charançon
Ou un électron libre ?
Suis-je un faux bourdon
Ou la cigale ivre ?
J'ai dans ma main le poids du monde
Et mes épaules lourdes de honte
S'affaissent sans un bruit
Fatiguées, libérées
Inquiète d'un coup de fouet

Sans rien devoir


Je suis l'enfant du malheur
Qui rigole pourtant
Et je voudrais être mort chaque jour
Pour enfin libre aimer
Libre
Parler danser jouer
Libre sans fards dire
Le monde et mon regard

Au diable les avarices
Les torgnoles la boissons
Les démons et les prisons
Qui perlent de nos soucis
Au diable
Les rocs et les charognes

Le câble tendu entre ici et maintenant
Le câble tendu
A travers les jours semblables
Est une chanson qui me convient
Une mélodie fragile
Sans de mesquineries
Sans heures malheureuses passées datées
A venir où à vendre
Pas de projets pas de promesses
Pas de mensonges à vomir
Juste un souffle, un doigt, une marche
Juste une danse macabre
Sans complexes sans verrous
Le sourire fidèle

Juste toi moi et lui
Sans poignards sans stratège
Sans rien attendre
Ni ce qui n'est pas
Juste

Oh
Je voudrais mourir à chaque instant
Pour ne rien devoir aux vivants