-I-
Je
veux ouvrir la porte noire
Et
libérer 'agonie quotidienne
M'arracher
le cœur putride
Et
l'exposer sur la place publique
Petit
Xavier s'en va-t-en guerre
Petit
Xavier dans sa cage sombre
Veut
se battre avec lui-même
Bec
et ongles
Je
ne convoquerai pas ma joie
Car
mes ténèbres sont pleines de sourires
Ces
petites lèvres vampires
Qui
ne disent pas leur lâcheté
Elles
cachent une cellule sombre
Un
caveau profond et triste
Où
les racines ne poussent plus
Seule
la mort ici plante sa graine
La
mort est un bonhomme d'ombres
Une
plainte vivante, une peur qui marche
Un
tas de guenilles rampantes
Attaché
par quatre chaînes
Doute,
lâcheté, ironie et abandon
La
mort au cœur putride
Je
vais lui tordre le cou
Et
me foutre de sa gueule
De
travers
Pas
de torches pas de sourires par de chansons
Je
suis la mort dans l'âme
A
en perdre la raison
-II-
Je
chante une chanson atroce et siffle des airs joyeux
Comme
le vent changeant
D'humeur
trop inégale
Je
suis l'envers et le décors
En
plein bras de fer
Comme
un chien, après sa queue
Prêt
à me déchirer
Tout
les jours pas à pas
Je
m'écartèle sûrement
Je
suis l'homme contraire
Qui
pourtant voudrait se plaire
Mais
la nuit comme le jour
N'apporte
que de nouveaux tourments
A
mon propre chevalet
-III-
Je
suis à moi-même
Une
marre sombre et glauque
Un
dédale obscure
De
milles doutes
Pas
de boussoles
Pas
de cartes
Seul
l'écho des cris
Que
je ne pousse même pas
Les
yeux clos car
Je
ne saurai voir même le néant
Je
me suis
Perdu
Perdu
sans tomber juste immobile
La
stase maladroite
D'un
fou qui se croit pendu
Et
oublie le verbe savoir
Si
je ne sais que suis-je
Une
marre glauque
Et
l'eau qui dort
-IV-
Mes
mots sont un troupeau triste
Une
horde incertaine
Qui
butte sur mes doutes
Et
ne contrôle plus mes angoisses
Mes
mots cognent et s'entrechoquent
Prisonniers
de mes yeux clos
Ma
bouche muette
Et
mes bras ballant
C'est
une armée sans général
Ni
guerre ni paix
Ni
démobilisation
C'est
mille merveilles inutiles
Qui
ne peuvent même pas
Reposer
dans une tête trop pleine
-V-
Au
fond du trou
Je
suis un homme mort
Mon
sang même est immobile
Et
mon souffle ne fait que creuser
Plus
profond
Je
soulève des pelletés
De
doutes et de regrets
Empuantis
de honte
Je
me recouvre de cette boue malsaine
Les
yeux vides
Le
cœur creux
-VI-
Je
me compose un cadavre de mots
Une
charogne de désespoirs
Dont
vous serez
J'espère
Les
mouches avides
et
les vers affamés
Gorgez
vous de ce sang épais
Et
de mes chaires molles
Avant
la raideur cadavérique
(Je
suis déjà froid)
C'est
un festin funèbre
C'est
mon héritage
Voici
Voilà
Ce
que je ne fus pas
Tout
le reste n'est que vent
Quand
ton cœur ne chante pas
Tout
le reste n'est que tourment
Quand
ton cœur
Ne
chante pas
-VII-
Dans
le vide
Dans
la plaine grise
L'amertume
est un festin
Sur
la tombe de mes désirs
Je
compose ces bouquets de lettres mortes
Je
ne suis rien
Je
ne veux plus
Mensonge
encore
Je
suis là
Je
n'en peux
plus
Pointe
la vérité
Je
ne sais plus
Je
suis perdu
Elle
reste au fond de son trou
Mais
je peux
Je
peux encore tresser
Ces
poèmes torturés
Pour
faire sortir
Cette
boue de mes veines
Et
souffler sur mon ennui
C'est
pour moi lecteur
Que
je compose ces soucis
C'est
pour moi que tu soupires
J'espère
que toi aussi tu l'aimes
L'amertume
de l'amande
amère
-VIII-
Le
monde gris
Me
laisse un goût de cendres
Seules
restent les fraises
Et
l'amande amère
Le
rouge du sang
Et
le jaune purulent
Une
joie chagrine
Et
des larmes dégoûtées
-IX-
Je
pense en vers libres
Et
en métaphores douteuses
Je
pense en roue libre
Quand
ma raison bat de l'aile
Lâchez
les mots !
Enragés
ils tournent dans ma tête
Sans
plus rien qui les dirige
Trop
de logiques indécises
S'affrontent
dans le noir
Et
la foule en délire
Hurle
dans l'arène
Par
ici !
Par
là !
Comme
ci !
Comme
ça !
Voilà
pourquoi !
Et
les mots volent et déchirent
La
moindre étincelle
La
moindre envie naissante
A
la chaire si tendre
Et
je les contemple
Le
pouce baissé
-X-
Je
suis l'écorché
Qui
jamais n'eut de peau
Je
suis un et personne
Je
ne suis même pas
Une
goutte dans l'océan
Qui
peut me dire
Où
commencent les battement de mon cœur
Et
quel reflet dans la glace
M'appartient
Mes
chaussures pataugent
Et
mes chemises sont étroites
Mon
nom, lui, sonne creux
-XI-
Je
ressent bien la douleur
La
douleur est une petite crevure
Bien
à moi
Petite
douleur, vieux chevalet
Livre
moi donc tes secrets
Que
je te laisse derrière moi
Car
dans le brouillard informe
Je
cherche un arbre puissant
Une
caverne maudite
Et
des lendemains qui chantent
-XII-
Le
jour m'est tombé dedans
Comme
un oiseau repu
Libre
et joyeux
Le
jour et quatre soleils
En
si peu de temps
Est
il si dur d'être heureux
Au
jour le jour enfin
A
travers champs
Je
danse sous le ciel bleu