J'ai retrouvé le chemin des mots
Et plongé dans la mer
J'ai joué dans l'écume douce-amer
Qui sert le cœur tendrement

Aux sons de la mélancolie
Au rythme des complaintes
J'ai souri

dimanche 12 juillet 2015

Le journal des mauvais jours


-I-
Je veux ouvrir la porte noire
Et libérer 'agonie quotidienne
M'arracher le cœur putride
Et l'exposer sur la place publique
Petit Xavier s'en va-t-en guerre
Petit Xavier dans sa cage sombre
Veut se battre avec lui-même
Bec et ongles
Je ne convoquerai pas ma joie
Car mes ténèbres sont pleines de sourires
Ces petites lèvres vampires
Qui ne disent pas leur lâcheté
Elles cachent une cellule sombre
Un caveau profond et triste
Où les racines ne poussent plus
Seule la mort ici plante sa graine
La mort est un bonhomme d'ombres
Une plainte vivante, une peur qui marche
Un tas de guenilles rampantes
Attaché par quatre chaînes
Doute, lâcheté, ironie et abandon
La mort au cœur putride
Je vais lui tordre le cou
Et me foutre de sa gueule
De travers
Pas de torches pas de sourires par de chansons
Je suis la mort dans l'âme
A en perdre la raison

-II-
Je chante une chanson atroce et siffle des airs joyeux
Comme le vent changeant
D'humeur trop inégale
Je suis l'envers et le décors
En plein bras de fer
Comme un chien, après sa queue
Prêt à me déchirer
Tout les jours pas à pas
Je m'écartèle sûrement
Je suis l'homme contraire
Qui pourtant voudrait se plaire
Mais la nuit comme le jour
N'apporte que de nouveaux tourments
A mon propre chevalet

-III-
Je suis à moi-même
Une marre sombre et glauque
Un dédale obscure
De milles doutes
Pas de boussoles
Pas de cartes
Seul l'écho des cris
Que je ne pousse même pas
Les yeux clos car
Je ne saurai voir même le néant
Je me suis
Perdu
Perdu sans tomber juste immobile
La stase maladroite
D'un fou qui se croit pendu
Et oublie le verbe savoir
Si je ne sais que suis-je
Une marre glauque
Et l'eau qui dort

-IV-
Mes mots sont un troupeau triste
Une horde incertaine
Qui butte sur mes doutes
Et ne contrôle plus mes angoisses
Mes mots cognent et s'entrechoquent
Prisonniers de mes yeux clos
Ma bouche muette
Et mes bras ballant
C'est une armée sans général
Ni guerre ni paix
Ni démobilisation
C'est mille merveilles inutiles
Qui ne peuvent même pas
Reposer dans une tête trop pleine

-V-
Au fond du trou
Je suis un homme mort
Mon sang même est immobile
Et mon souffle ne fait que creuser
Plus profond
Je soulève des pelletés
De doutes et de regrets
Empuantis de honte
Je me recouvre de cette boue malsaine
Les yeux vides
Le cœur creux

-VI-
Je me compose un cadavre de mots
Une charogne de désespoirs
Dont vous serez
J'espère
Les mouches avides
et les vers affamés
Gorgez vous de ce sang épais
Et de mes chaires molles
Avant la raideur cadavérique
(Je suis déjà froid)
C'est un festin funèbre
C'est mon héritage
Voici
Voilà
Ce que je ne fus pas
Tout le reste n'est que vent
Quand ton cœur ne chante pas
Tout le reste n'est que tourment
Quand ton cœur
Ne chante pas

-VII-
Dans le vide
Dans la plaine grise
L'amertume est un festin
Sur la tombe de mes désirs
Je compose ces bouquets de lettres mortes
Je ne suis rien
Je ne veux plus
Mensonge encore
Je suis là
Je n'en peux plus
Pointe la vérité
Je ne sais plus
Je suis perdu
Elle reste au fond de son trou
Mais je peux
Je peux encore tresser
Ces poèmes torturés
Pour faire sortir
Cette boue de mes veines
Et souffler sur mon ennui
C'est pour moi lecteur
Que je compose ces soucis
C'est pour moi que tu soupires
J'espère que toi aussi tu l'aimes
L'amertume de l'amande amère

-VIII-
Le monde gris
Me laisse un goût de cendres
Seules restent les fraises
Et l'amande amère
Le rouge du sang
Et le jaune purulent
Une joie chagrine
Et des larmes dégoûtées

-IX-
Je pense en vers libres
Et en métaphores douteuses
Je pense en roue libre
Quand ma raison bat de l'aile
Lâchez les mots  !
Enragés ils tournent dans ma tête
Sans plus rien qui les dirige
Trop de logiques indécises
S'affrontent dans le noir
Et la foule en délire
Hurle dans l'arène
Par ici  !
Par là  !
Comme ci  !
Comme ça  !
Voilà pourquoi  !
Et les mots volent et déchirent
La moindre étincelle
La moindre envie naissante
A la chaire si tendre
Et je les contemple
Le pouce baissé

-X-
Je suis l'écorché
Qui jamais n'eut de peau
Je suis un et personne
Je ne suis même pas
Une goutte dans l'océan
Qui peut me dire
Où commencent les battement de mon cœur
Et quel reflet dans la glace
M'appartient
Mes chaussures pataugent
Et mes chemises sont étroites
Mon nom, lui, sonne creux

-XI-
Je ressent bien la douleur
La douleur est une petite crevure
Bien à moi
Petite douleur, vieux chevalet
Livre moi donc tes secrets
Que je te laisse derrière moi
Car dans le brouillard informe
Je cherche un arbre puissant
Une caverne maudite
Et des lendemains qui chantent

-XII-
Le jour m'est tombé dedans
Comme un oiseau repu
Libre et joyeux
Le jour et quatre soleils
En si peu de temps
Est il si dur d'être heureux
Au jour le jour enfin
A travers champs
Je danse sous le ciel bleu

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