J'ai retrouvé le chemin des mots
Et plongé dans la mer
J'ai joué dans l'écume douce-amer
Qui sert le cœur tendrement

Aux sons de la mélancolie
Au rythme des complaintes
J'ai souri

jeudi 30 août 2018

Le temps noir

J'ai vu le temps dilaté
Et prêt à exploser
Prendre un démon par les cornes
Et l'assouplir jusqu'à en faire
De la pâte à revolver

J'ai vu mon corbeau creuser une tour infernale
Et brûler des espoirs
Par tout les corridors
Flammes ardentes et danses folles
Farandoles sordides
La corneille mariée deux fois
A sonné le tocsin, le tintamarre
La torture
Et en sa maison secouée
Une tortue agonisante
A massacré quelques araignées
Sans même songer ou s'excuser

J'ai vu le temps dilaté
Prêt à s'évader
Voler, rouler, manger tant et plus
Rouler, manger, voler
Et finir trépané dans un fossé

J'ai vu l'ombre noire de mon père
Et la flaque sordide de ma mère
Crever les yeux d'une poupée sans nom
Et la laisser pourrir
En buvant du bon vin
Ce sont trois Cléopâtres
Qui ont tiré sur les charbons
Et ricané en dansant
Sur un chaudron de serpillères

J'ai vu le temps dégueuler
Mon âme de damné
Et rougir de honte
Devant les trois de l'univers
Au bord d'un trou
Noir comme l'enfer
J'ai vu le temps danser
Et ma chute continuer

J'ai vu des moustiques jaunes
Siffler mon sang de leurs trompes connes
Et vomir des banalités
Sous le feu sacré des projecteurs
Trois tours de piste encore
Avant de pisser sur ma tombe
Où les vers obscènes
Lèchent mon crâne
Lèchent mes côtes
Et broient du noir comme un marc de café
L'homélie a été oubliée
Et les chants bafouillés
Sur la pierre un épitaphe de masque élaborré
Fait fuir les passants
Et Hamlet tremble en son trône intérieur

J'ai vu le temps rigoler
Prêt à m'oublier
Et dans ma gorge un crapeud béant
Gueule après le vent divin
Il veut ses mouches et mes vertues
Et crache de dépit
Entre mes pustules mornes

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