J'ai retrouvé le chemin des mots
Et plongé dans la mer
J'ai joué dans l'écume douce-amer
Qui sert le cœur tendrement

Aux sons de la mélancolie
Au rythme des complaintes
J'ai souri

mercredi 8 octobre 2014

Jardinage intime

Je construit mon amour comme un jardin enragé dont je n'ose ouvrir les ronciers à la muse qui est sensé l'habiter. C'est mon trésor rêveur, ma peine heureuse où chantent les battements de mon cœur. C'est un royaume de solitude voué à une étrangère qui en changerait la mélodie. C'est un présent inquiétant dont le paquet est fermé par un nœud coulant. J'y plante des soupirs cachés et fait semblant de m'étonner que personne ne les cueille. Ils grandissent jusqu'à se déchirer sous leur propre poids. Alors je les récolte et me saoule de leur absurdité fermentée, me nourrissant de mon propre amour inassouvi. Mon cœur est plein mais jamais rassasié.

Je construit mon amour comme un jardin incertain. C'est un lieu sans unité de mesure ni direction, dédié au culte d'une déesse sans nom. C'est un labyrinthe de plantes anonymes qui semblent écrire un prénom adorable. J'y sème des apparences inquiètes d'être prises au sérieux, d'avoir charmé la mauvaise inconnue. Ses portes sont gardées par des arbres de doutes que je ne taille jamais, ignorant jusqu'au nom de passe qu'ils demandent à l'entrée.

Je construit mon amour comme un jardin fantasmatique, plein de brouillards languissants et de feux follets attirants. C'est un marais de désillusions étrangement agréables, de sables mouvants aux allures de cocons, baignant dans un confort aigre-doux. Ses étangs sont un palais des glaces où mon reflet fuyant s'entoure de souvenirs défunts et d'espoirs morts-nés. J'y plante des désirs incertains et volatiles, poussant sur un terreau de manque. Ils fleurissent aussi vite qu'il fanent et forment des couches géologiques de regret inassouvis dont se nourrissent leurs successeurs. Les vignes sauvages de la peur y croissent autour de mes tripes, troublant mes sens et noyant mes sentiments jusqu'à ce que je ne sache plus différencier les mirages fous et les vraies lanternes tremblotantes dans le vent et la brume.

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